|
LES QUATRES CAMPAGNES DE LOUIS XIV
|
Commencée en 1661 à la mort de Mazarin, la première grande tranche de travaux dure quatre ans. Elle est ponctuée par la fête des Plaisirs de 1'lle enchantée offerte par le roi à la Cour en l'honneur de Melle de La Vallière, du 7 au 9 mai 1664. Dans l'avant-cour, les communs de Louis XIII sont reconstruits, plus vastes, bientôt ornés de statues des quatre éléments; les cuisines au nord et les écuries au sud bordent une avant-cour en demi-lune fermée par une grille, flanquée de deux pavillons de garde.
L'ancien château de brique et de pierre est préservé mais il subit des modifications : à l'extérieur, côté jardin, l'étage est doté en 1663 d'un balcon de fer doré dû à Le Maistre, les lucarnes deviennent mansardes; les ornements des combles se dorent (1664) et la cour se peuple de bustes (1665). La mode de la ferronerie allait devenir en quelques décennies l'indipensable complément de toute oeuvre d'architecture.
A l'intérieur, les appartements sont redistribués : au rez-de-chaussée se succèdent, du sud-est au nord-est, l'appartement bas du Roi, celui de la Grande Mademoiselle, fort bien exposé au midi, celui d'Anne d'Autriche - mère de Louis XIV -, ceux de Monsieur - frère du roi - et de Madame avec, passé les salles des Gardes, la chapelle; à l'étage, le dauphin, la reine, le roi et une salle de billard. L'appartement du roi fait face à celui de la reine obéissant à une bipartition qui sera perpétuée. Autant que le décor peint par Errard, les deux livraisons de meubles pour l'appartement du Roi montrent par leur richesse que Versailles est déjà plus qu'une simple maison de campagne.
L'aménagement des jardins en convaincrait bien davantage.Le Nôtre, qui y travaille dès 1662, en conserve l'idée mais redessine l'ensemble: terminé en demi-lune, le parterre occidental s'allonge vers un parc redécoupé en symétrie par des allées de tilleuls, où l'on trace des labyrinthes, construit des glacières, transplante ifs et sapins venus de Normandie ou des pépinières de Vaux; le parterre du Midi domine une orangerie aménagée par Le Vau dans son sous-sol (1663) tandis qu'au sud-ouest on s'active à la construction d'une ménagerie et qu'une première grande commande décorative est passée aux sculpteurs Anguier, Lerambert, Houzeau ou Buyster, dont les oeuvres de pierre, transportées plus tard au Palais-Royal, seront remplacées par des bronzes et des marbres.
Lors de la somptueuse fête du 18 juillet 1668, les spectateurs peuvent mesurer la nouvelle ampleur des jardins. Dans l'axe du château, la demi-lune est retournée, en un amphithéâtre orienté à l'ouest et bordé d'escaliers descendant vers l'Allée royale; on draine, on établit de grands plans d'eau : bassin de l'Ovale (Latone), bassin des Cygnes (Apollon), Rondeau (bassin du Dragon), ébauche du Grand Canal; enfin, le goût du roi pour les jeux d'eau force à la conception de fontaines, confiée à Denis joly, qui dépense une fortune pour remplacer la pompe par une tour d'eau; le bronze et le plomb des Marsy, Lerambert ou Anguier ajouteront à la splendeur des jeux d'eau dont même Saint-Simon dira que "leurs effets, qu'il faut pourtant ménager, sont incomparables".
la fin de la première campagne de travaux va être maruée par l'arrivée au pouvoir de Colbert. celui-ci n'aimait pas la vau et tentera (peut-être par le biais d'un concours) de l'évincer mais sans succés puisque ce dernier à l'appui du roi. l'arrivée de Colbert marquera une organisation différente des travaux de Versailles.
 |
A partir de 1668, la famille royale ainsi que le gouvernement s'installe à Versailles définitivement. Ceci n'est pas sans attirer tout une foule de gens et bien évidemment la cour qu'il faudra loger.
Dès 1669, on lance un grand concours dont le but est de définir de quelle manière Versailles sera agrandie. Le Vau, vainqueur du concours... entame alors la construction d'une enveloppe autour du château de Louis XIII. Il est fortement question à l'époque de le détruire. Louis XIV lui-même changera d'avis sur ce point. Finalement on décide de ne pas le faire. Cependant, la nouvelle enveloppe ne tenant qu'au vieux château que par quelques points, cette option n'était pas exclue pour l'avenir. En 1671 le gros œuvre est terminé.
Le château se présente alors sous forme d'un U, autour du petit château, le dissimulant complètement côté jardin et s'élançant côté coure en deux ailes (préfiguration des ailes des ministres). Deux grandes coures intérieures se font face entre l'enveloppe et le château Louis XIII. La galerie des glaces n'existe pas encore et à sa place on y trouve une grande terrasse ouverte sur les jardins disposant d'un jeux d'eau en son centre.
La cour de marbre reçoit son dallage (ainsi que son nom) et est surélever de trois marches pour empêcher les carrosses d'y pénétrer, on y trouve également un bassin au centre.
A la mort de Le Vau (1670), c'est Orbay qui continue l'ouvrage et s'occupe des appartements intérieurs. Plus que jamais on retrouve une organisation bipartite avec des appartements pour le roi et d'autres pour la reine.
Au rez de chaussé est construit l'appartement des Bains (1672). Il s'agit d'une enfilade de pièces d'un luxe inouï : marbres sculpture, peintures, tout y est magnifique et richement décoré. Il subsiste aujourd'hui dans l'orangerie, le bassin de marbre de la salle d'eau.
Mis en chantier en 1672, l'escalier des ambassadeurs ne sera terminé qu'en 1678. Trompe l'œil de Le brun (décrivant l'histoire de Louis XIV), marches et habillages de marbres, fontaines l'ensemble a coûté des sommes colossales. Cet escalier devait fournir un accès d'apparat et officiel aux grands appartements. Il fût détruit en 1752 par louis XV, l'escalier de la reine évoque ce que devait être cet extraordinaire œuvre d'art. L'escalier était cependant utilisé avec parcimonie car les marches de marbres étaient d'une grande fragilité !
De 1671 à 1681, les grands appartements prennent la forme qu'on leur connaît, les décors se créant toutefois petit à petit. Il s'agit en fait d'une succession d'appartement, destinés à la représentation, et décorés sur le thème des planètes. Au Nord on trouve ceux du roi, au sud ceux de la reine. Ils ne seront habités que jusqu'en 1701, ils seront ensuite des appartements d'apparat. Les pièces de Versailles se remplissent de tableaux des plus grands maîtres de l'époque ainsi que du fameux mobilier d'argent que Louis XIV fit fondre en 1689.
 |
Dès 1678, la France bénéficie d'une période de paix et le début d'une nouvelle campagne de travaux.
Les travaux intérieurs sont marqués par le cabinet des médailles ou seront exposés les collections de Louis XIV.
L'ensemble du gros œuvres va être principalement l'ouvrage de Hardouin-Mansart
C'est à cette époque qu'apparaît la galerie des glaces. La terrasse existante côté jardin montrait des problèmes d'étanchéité. Louis XIV décide la construction d'un grand salon la recouvrant et rejoignant les deux salons de la paix et de la guerre (nouveau). La galerie s'ouvre sur les jardins à travers ses dix-sept fenêtres que reflètent les miroirs. Des peintures sur les plafonds évoquent les victoires du roi.
Les pavillons des secrétaires d'état sont refaits et assemblés deux par deux. On parle dès lors "d'ailes des Ministres". Mansart crée également deux grandes ailes : aile sud et nord de par et d'autre du château. D'aspect assez monumental mais homogène avec l'ensemble, ces deux bâtiments avaient un plan relativement complexe. Les travaux allèrent de 1678 à 1689 sans être totalement terminé.
Le projet prévoyait au départ une chapelle ainsi qu'un opéra, mais ces deux pièces n'ont pas été terminées pour cause de guerre...
Versailles a connu de nombreuses chapelles au fur et à mesure de la construction. Ainsi peut-on en distinguer cinq :
- en 1672 dans le pavillon d'angle nord-est
- en 1672 dans l'actuelle salle des gardes de la reine
- en 1676 dans la salle des gardes du roi (salle du sacre)
- en 1682 dans l'actuel salon d'hercule
- en 1710 l'actuelle chapelle
.
 |
Le chantier de la chapelle est repris en 1699 après la guerre et s'achève en 1702 avec Robert de Cotte. Le projet définitif se verra quelque peu transformé de sa conception de départ. Orienté vers l'est, elle communique avec le premier étage du château, permettant ainsi au roi d'y suivre la messe du balcon. Le style très épuré de la chapelle se montre comme un aboutissement du style français de l'époque. Louis XIV ne la verra jamais terminée.
