Le Nôtre,

le poète jardinier

Fils et petit-fils de jardinier, André Le Nôtre est un artiste complet. Après avoir travaillé la peinture dans l'atelier de Simon Vouet, premier peintre du roi, il étudie l'architecture avec François Mansart.

Ces connaissances multiples, il les exploitera dans l'ordonnancement des plus beaux jardins de France.

André Le Nôtre naît le 12 mars 1613 dans une maison située tout contre le jardin des Tuileries. Son père, jean, a hérité de son grand-père, Pierre - responsable des parterres proches du palais et d'une grande partie des treillages -, le poste de surintendant de grands parterres des ries. Les Le Nôtre forment une véritable dynastie de jardiniers.

Le jeune André fait son apprentissage dans l'atelier de Simon Vouet, le peintre à la mode. " Monsieur Le Nostre a appris sous lui à dessiner et lui est redevable d'une partie de cette grande habileté qu'il s'est acquise dans la belle ordonnance des parterres et autres ornemens de jardinage " affirme Charles Perrault dans ses " Hommes illustres ". En 1635, à l'âge de vingt-deux ans, André, remarqué pour ses grandes aptitudes, devient premier jardinier de Monsieur, frère du roi. En 1643, il reçoit des mains du jeune Louis XIV, son brevet de dessinateur des jardins royaux. Deux ans plus tard, il est nommé premier jardinier du roi. Peu après, il rencontre l'architecte François Mansart. Celui-ci, fortement impressionné par le talent du jeune homme, lui passe de nombreuses commandes. En 1653, Le Nôtre est promu contrôleur des bâtiments royaux.

La réalisation du parc de Vaux-le-Vicomte, une commande du surintendant des Finances Nicolas Fouquet, lui vaut la reconnaissance de ses pairs et des grands seigneurs du royaume.

LE ROI EST FURIEUX CONTRE FOUQUET

Le 17 août 1661, le travail achevé est présenté au roi et à la cour, lors d'une réception grandiose. Mais si le roi n'apprécie guère cet étalage de magnificence de la part d'un de ses sujets, fût-il riche et puissant, il n'est pas indifférent, en revanche, au travail de son premier jardinier. Le 5 septembre, il s'empresse de le convoquer, ainsi que Le Brun et Le Vau qui ont également collaboré à la réalisation de Vaux-le-Vicomte, puis Hardouin-Mansart, pour coordonner les travaux d'embellissement du parc de Versailles. Le roi entend imposer à ce site, qui n'est pas des plus hospitaliers, sa volonté de monarque absolu régnant tant sur la politique que sur la vie artistique. Le défi est lancé et Le Nôtre en sera le chef d'orchestre.

AMOUREUX DES ARTS

Le jeune André Le Nôtre, suivant les conseils du traité de Jacques Boyceau à l'usage des professionnels du jardinage, étudie les mathématiques, la géométrie et l'architecture. Élève, avec Charles Le Brun, de Simon Vouet, peintre en chef de Louis XIII, il semble d'abord attiré par la peinture.

Il s'initie à l'art des arabesques des jardins turcs et de l'architecture italienne au travers des dessins et croquis exécutés par son maître au cours de ses voyages au Proche-Orient et en Italie. Sur ses vieux jours, Le Nôtre, grand collectionneur, offre au roi une partie des objets d'art qu'il a rassemblés au fil des ans. Des toiles de Poussin, des sculptures de Michel-Ange et de Michel Angier font partie de cette exceptionnelle donation.

LA PERSPECTIVE A PERTE DE VUE

Les quelque cent hectares du parc n'étaient du temps de Louis XIII qu'une simple juxtaposition de parterres en arabesque rythmés par des jets d'eau. Le Nôtre imprime à la nature une stricte discipline confinant à l'harmonie. Le dénivelé d'une trentaine de mètres entre le palais et le Grand Canal est aménagé en une succession de terrasses. Au milieu des bosquets, des massifs et des pelouses, les eaux jouent un rôle essentiel, réfléchissant la lumière et mettant en scène de savants jeux de perspective.

La contribution éclairée de Le Nôtre à la transformation du château de Versailles, devenu le prototype de l'art classique français, lui ouvre les portes des jardins de Meudon, Saint Cloud, Sceaux ou Maintenon et lui procure de nombreuses commandes de l'étranger. L'art avec lequel il joue dans ses splendides et nombreuses réalisations de la perspective et ses conceptions monumentales en font l'incarnation du classicisme français. Le Nôtre conservera toujours l'estime de Louis XIV et reste aujourd'hui le jardinier le plus connu au monde.

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