Colbert,

Ministre de louis XIV

Pendant vingt-deux ans, Louis XIV et son ministre Colbert vont travailler ensemble pour renforcer les pouvoirs de l'État et faire de la France le soleil " de l'Europe. Une collaboration d'une efficacité qui n'aura que peu d'équivalents dans l'Histoire...

 

Fils d'un drapier de Reims, Colbert naît le 29 août 161 9. Il commence sa carrière comme commis dans les bureaux de la Guerre. C'est la chute de Fouquet en 1659 qui va faire de lui, entré dix ans plus tôt au "service" de Mazarin, le nouveau financier du royaume. Louis XIV le nomme surintendant des Finances en 1661, puis Contrôleur Général des Finances quatre ans plus tard. Dès lors, cet ennemi avoué de Louvois, alors ministre de la Guerre, va cumuler presque tous les postes clés du pouvoir, comme secrétaire de la Maison du roi (1 668) et la Marine (1 669).

Louis XIV, le monarque absolu, laisse autant de prérogatives à son ministre, c'est qu'il a une confiance inébranlable en cet homme d'une rare honnêteté. N'a-t-il pas dénoncé et combattu les agissements frauduleux du surintendant Fouquet ? N'a-t- il pas, deux mois après l'arrestation de ce dernier, établi une Chambre de justice pour la recherche des abus commis depuis vingt-cinq ans dans la gestion des finances du royaume ? Colbert ne lui a-t-il pas révélé, à la mort de Mazarin, l'existence de quinze millions d'espèces cachées dans des forteresses ?

 

Un duo de fortes personnalités

Louis XIV sait qu'en plaçant cet homme à la tête de l'Etat, malgré les réticences de certains, il aura un allié de taille pour faire de la France le pays le plus moderne et donc le plus craint d'Europe. Mais il sait aussi qu'il a lui-même suffisamment de caractère et de maîtrise du pouvoir pour c son ministre ne devienne pas un Richelieu ou un Mazarin. Ce sont deux pragmatiques, deux obstinés qui se complètent à merveille.

Jean-Baptiste Colbert n'a, au premier abord, rien d'imposant. De taille très moyenne, ses traits sont presque vulgaires. Pourtant, dès qu'il se met au travail, cet homme que 16 heures de labeur quotidien ne rebutent pas, se transforme... Son regard dur et froid est surmonté de sourcils froncés de façon redoutable. Ses collaborateurs savent qu'il faut s'atteler à la tâche et que la nuit sera courte...

 

Le grand réformateur

Colbert fut sans aucun doute le ministre le plus réformateur de son temps. Un homme incontournable qui lutta toute sa vie pour l'équité et le modernisme. Sa plus belle réforme est sans aucun doute celle des impôts. En osant réduire de 33% celui perçu par les aides et les fermes, il est persuadé que la consommation doit s'accroître. Il réforme la justice, et surtout l'industrie et le commerce, ses grands chevaux de bataille. Ainsi, par une protection minutieuse, certaines industries (draps, métiers de la laine, tapis) sont développées à grande échelle ; d'autres comme celles des glaces, dentelles et autres industries de produits de luxe sont créées de toutes pièces.

Pour ce qui est de l'agriculture, Colbert préfère soutenir les petits - qu'il considère comme les instruments réels de la production - et fait édicter en leur faveur des privilèges. En matière de navigation, il accorde, pour quarante ans à la Compagnie de l'Amérique du Sud - qui prend le titre de "Compagnie des Indes Orientales" - la Guyane, les Antilles, le Canada et la Floride. La marine n'est Pa en reste. Il crée une flotte s digne de ce nom, fonde ou agrandit les ports de Brest, Cherbourg, de Rochefort, achète Dunkerque aux Anglais. Si Louis XIV put s'enorgueillir d'être le monarque le plus puissant du monde, il le doit sans aucun doute à cet homme de devoir.

Colbert mourra à Paris le 6 septembre 1683, laissant un pays à l'économie saine... mais rongée par les dépenses de guerre.

 

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